Vous n’êtes pas sans savoir que les temps sont rudes pour les crypto-monnaies. Depuis novembre 2021, les marchés ont perdu plus de 60 % de leurs valeurs et ne cessent de baisser. Ajoutez à cela qu’un évènement récent, considéré comme historique au sein de la communauté crypto, n’a pas du tout arrangé les choses. 

Cet évènement dont tout le monde parle concerne l’écroulement de l’un des stablecoins ayant la plus grosse capitalisation du marché : l’UST. Qui, après avoir perdu plus de 95 % de sa valeur en l’espace de quelque jours, a entrainé dans sa chute tout un écosystème valorisé à plus de 20 milliards de dollars. 

Cet évènement tragique a fait perdre énormément d’argent à bon nombre d’investisseurs. Détériorant la confiance qu’avait les gens dans les crypto-monnaies et repoussant l’adoption massive de ces dernières. Mais que s’est-il passé exactement  ? Qu’est-ce qui a provoqué un tel cataclysme ? C’est justement ce que nous allons découvrir dans cet article.

Qu’est-ce qu’un stablecoin ?

Avant d’expliquer ce qui s’est passé, définissons d’abord ce qu’est un stablecoin. Comme son nom l’indique, un stablecoin est une crypto-monnaie dite “stable”. L’idée derrière ce concept est de limiter l’incertitude que l’on retrouve sur les crypto-monnaies, due à leur fluctuation incessante qui les rende très volatiles. Ceci en étant adossé à une monnaie traditionnelle, telle que le dollar américain par exemple. 

Mais cela n’est qu’une option parmi d’autre. En effet, bien que les stablecoins aient la même finalité, c’est-à-dire apporter de la stabilité, elles disposent chacun à d’un mécanisme bien différent.

Les stablecoins centralisés

Le modèle présenté ci-dessus, avec le dollar américain, implique qu’une entité qui émet des stablecoins, doit être détentrice d’un compte bancaire contenant, en devise fiat, la valeur des stabelcoin émis. Si elle met en circulation 10 millions de stablecoins adossés au dollar, l’entité en question doit donc avoir 10 millions de dollars sur son compte bancaire. De façon à ce qu’un 1 stablecoin soit égale à 1 dollar américain. 

Les stablecoins adossés aux dollars ayant la plus grosse capitalisation boursière sont : l’USDT, l’USDC et le BUSD. La lettre que l’on retrouve à la fin ou au début d’USD, représente la société qui gère le stablecoin en question. 

  • Dans le cas de l’USDT, c’est la société Thether Limited, filliale de la plateforme Bitfinex, qui s’occupe de sa gestion. D’où la lettre T à la fin. 
  • L’USDC est quant à lui géré par le Centre Consortium, fondé par Coinbase, une des plus grosses plateformes de crypto-monnaies au monde, et Circle, une société de financement numérique fournissant des infrastructures financières aux entreprises.  

Enfin, le BUSD, est sous le contrôle de Binance, une autre plateforme de crypto-monnaies leader de son marché, et de Paxos, une institution financière et technologique spécialisée dans la blockchain.

Les stablecoins décentralisés

Ici, au lieu qu’un stablecoin soit adossé à une monnaie traditionnelle (euro, dollars, livre sterling, etc) ce dernier est adossé à une crypto-monnaie. Ce faisant, ce type de stablecoin n’est géré par aucune entité centrale. À titre d’exemple, le stablecoin décentralisé ayant la plus grosse capitalisation boursière, est le DAI. Il a été développé par une organisation autonome décentralisée (DAO) du nom de MakerDAO. 

Une unité de DAI équivaut donc à une valeur d’un dollar, entièrement garantie par une réserve de crypto-monnaies. Une réserve de la même valeur du montant de stablecoins émis sur les marchés. Mais en cas de baisse éventuelle des marchés, la réserve en crypto-monnaies est généralement supérieure au montant des stablecoins en ciculation. Les monnaies virtuelles étant bien plus volatiles que les monnaies fiat. On appelle cette pratique surcollatéralisation.

Les stablecoins algorithmiques décentralisés

Ce type de stablecoin ne repose pas sur des dollars ou des crypto-monnaies. Pour maintenir sa valeur à un prix stable, celui-ci se base sur des algorithmes, ayant pour fonction de réduire ou d’augmenter l’offre de stablecoins en circulation. Un peu comme le ferait une banque centrale, en modulant l’inflation et la déflation. 

Lorsque la valeur d’un stablecoin à tendance à baisser, suite à une offre beaucoup trop grande sur le marché, un algorithme supprimera automatiquement une partie de cette offre. De cette façon, cela réduira le nombre de stablecoin en circulation et remontera la valeur auparavant perdue. 

À l’inverse, si le prix du stablecoin augmente suite à une raréfaction de l’offre, l’algorithme mettra en circulation de nouveau stablecoins. Permettant alors de réduire sa valeur, pour que celui-ci revienne au prix initial. Ainsi, au moindre changement de prix, ce type de stablecoins s’autorégule de lui-même, pour garder sa parité avec le dollar. 

Mais pour que ce système soit viable, les stablecoins algorithmiques utilisent habituellement une crypto-monnaie dédiée à l’absorption de la volatilité du marché. Afin de préserver leur indexation avec le dollar. Chose que faisait justement le protocole de Terra, avec son stablecoin Terra USD (UST).

Le fonctionnement du stablecoin Terra USD (UST)

L’UST est un stablecoin algorithmique décentralisé qui, comme indiqué plus haut, maintient son prix en indexation avec le dollar grâce à la crypto-monnaie LUNA. La crypto native du protocole Terra. Lorsque le prix de l’UST est inférieur à un dollar, soit son point d’équilibre, le surplus d’UST en circulation sont envoyés au protocole Terra. 

Une fois envoyés, ces derniers sont échangés en crypto LUNA. Cette transformation conduit à la suppression d’UST au sein du marché. Faisant ainsi augmenter naturellement la valeur du stablecoin, due à la réduction de son offre. 

A contrario, lorsque l’UST est supérieur à un dollar et qu’il est donc nécessaire d’augmenter l’offre en circulation, il suffit d’inverser le processus. Cette fois-ci, des LUNA seront envoyées sur le protocole de Terra, afin d’être transformées en UST
Une transformation qui, là encore, engendre la destruction de LUNA. Cela permet ainsi d’augmenter l’offre en circulation de l’UST, afin qu’il puisse retrouver son point d’équilibre. La crypto LUNA joue alors unrôle crucial dans la stabilité de l’UST, car c’est elle qui garantie la valeur de l’UST. Mais ce système à une faille.

Que s’est-il passé avec l’UST ?

Un cercle vicieux

Le système de fonctionnement de l’UST comporte un risque important. En effet, en cas d’une  forte vente, pouvant avoir lieu en un éclair, le mécanisme avec la crypto LUNA  vu en amont, n’auraient pas le temps de réagir pour inverser la tendance. Ceci en raison de la trop grande quantité de volume d’UST à changer en LUNA.  Et c’est justement ce qu’il s’est passé.

Suite à un contexte économique et géopolitique tendu, le marché des crypto-monnaies n’a fait que baisser.  Pour se couvrir de cette baisse, beaucoup de détenteurs d’UST ont vendu leur stablecoins. Cette abondance d’offre d’UST sur le marché à donc entraîné une diminution de la valeur de l’UST. 

Comme vu précédemment dans cet article, afin que l’UST retrouve son point d’équilibre, le protocole Terra n’avait pas d’autre choix de transformer les stablecoins en LUNA. Mais ce faisant, cela favorisa grandement l’augmentation de la masse monétaire des LUNA et fit chuter sa valeur. Créant une double pression baissière sur la crypto-monnaie. 

Malgré le grand nombre d’UST supprimés lors de cette phase de transformation, cela ne permit pas au stablecoin de retrouver son indexation au dollar. D’autant plus que l’offre disponible de LUNA ne suffisait plus, en termes de valeur, pour racheter davantage d’UST. Cela conduisit inexorablement à l’écroulement des deux crypto-monnaies.

Une tentative de sauvetage

Pour remédier à cette catastrophe, la Luna Foundation Guard (LFG), chargée d’assurer la sécurité de l’UST en cas d’urgence, est intervenue. La fondation a en effet acheté pour 2 milliards de dollars de Bitcoin, des UST dans l’espoir de rétablir son taux de change avec le dollar. Mais malheureusement, cette stratégie n’aura pas été efficace. 

L’UST étant un stablecoin capitalisé à 20 milliards de dollars, les 2 milliards de réserve de la fondation n’ont pas suffi. De plus, ces bitcoins, achetés en moyenne 42 000 $, avaient perdu plus de 15 % de leur valeur lorsqu’ils ont été contraints de vendre. Et l’échec de ce sauvetage n’aura fait qu’accroître la peur des investisseurs et entraîner un mouvement de panique sans précédent sur les marchés.

La chute sans fin de l’écosystème Terra

N’ayant plus aucune solution pour sauver l’UST et après la perte de sommes colossales, dont certaines se chiffrant à plusieurs milliards, la confiance des investisseurs s’est totalement perdue

La confiance étant l’élément central de la valorisation d’un actif, Binance, une des plus grosses plateformes de crypto-monnaies au monde, a alors décidé de bloquer temporairement les retraits en UST. Elle a également annoncé qu’elle suspendait les retraits et dépôts de la crypto LUNA. De quoi amoindrir les chances de voir un jour le projet Terra de nouveau sur pied.

Un nouvel espoir ?

Sur Twitter, le fondateur de Terra, Don Kwon, n’a jamais cessé de rassurer la communauté tout au long de la catastrophe. Multipliant les tentatives de sauvetage et promettant qu’une solution est en cours de développement pour que l’UST retrouve son indexation au dollar. Mais au vu de la situation actuelle qui rend peu probable la renaissance du projet Terra, Don Know a récemment demandé à la communauté si elle était d’accord pour réaliser un fork.  

Le mot fork désigne une blockchain que l’on divise en deux entités distinctes. Cette division est appelée un « hard fork« . Mais ce terme est aussi utilisé lorsqu’on souhaite réaliser une mise à jour grandeur nature, pour changer le protocole d’une blockchain. On appelle alors cela un « soft fork« . Dans le cas du Fork proposé par Don Know, il s’agirait d’un “hard fork” ou une nouvelle blockchain s’appellant « Terra Classic » serait créée. 

La communauté autour de Terra aurait manifesté un intérêt positif à l’égard de ce fork, cependant, certains acteurs de la cryptosphère restent dubitatifs. C’est notamment le cas du CEO de Binance et de Vitalik Buterin, co-fondateur du réseau Ethereum, qui estiment qu’un fork n’est pas la solution adaptée pour la blockchain Terra.

Une crypto sujet à spéculation

Au vu du prix actuel du LUNA, certains ont décidé de spéculer sur cette crypto-monnaie. Estimant que si un jour le projet Terra est sauvé, cela pourrait faire grimper la valeur de celui-ci. 

Une probabilité qui fait rêver puisque bien avant le krach, le LUNA valait environ 120 $ à son plus haut. Bien que cette idée soit attrayante pour investir son argent, ce pari est beaucoup trop risqué au vu de la situation. 

Les personnes gagnant de l’argent dans ce contexte, sont les traders chevronné. Mais pour ceux qui souhaiteraient tout même se placer, faites preuve de prudence. Il est tout même préférable de modérer au maximum sa mise.